Message à caractère approximativement informatif
Glou glou plonc plonc

vendredi 30 avril 2010

Bougies fever



Chère petite Léonie,

Little baby,

Guili guili.

birthday happy,

Il ne t’aura pas échappé qu’il y a 2 bougies sur ton gâteau. L’une qui désigne l’année, l’autre le mois. Laisse-moi t’enseigner quelques petits secrets. Le premier c’est que certaines traditions que d’aucuns trouvent un peu ridicules ont instauré l’année, comme unité de mesure de l’âge anniversaire et ont fait de la bougie un symbole de cette unité. Mais comme dans tout système métrique, il y a des grandes unités et des petites unités. Grande bougie, l’année, petite bougie le mois, très petite bougie le jour, très grande bougie, la décennie. Il y a bien des unités plus grandes, mais la durée de la vie humaine… enfin je ne développe pas, tu n’es qu’à l’aube d’une série de petites tracasseries qu’on nomme l’existence et que tu auras bien le temps de découvrir par toi-même : il y a des secrets qu’il vaut mieux laisser dans l’ombre.

Birthday happy

Chère petite Léonie,

Little baby,

Guili guili.

Laisse-moi quand même te raconter une petite histoire de bougie…

La bougie ne symbolise pas seulement une unité métrique. C’est aussi un totem en l’honneur du démon du démarrage. Chaque fois qu’Eole souffle une brise à déraciner un vénérable banian, à clouer un coucou au sol, à faire plier les décisions les plus fermes scellées dans les carnets les plus secrets, à glacer d’effroi l’ardeur de tes futurs prétendants, alors intervient Léo, le démon de la bougie, un principe contraire d’Eole si tu veux. (Ne va pas croire que c’est ton homonyme, le nom complet latin c’est Léopoldus Bulgus. Mais pour aller plus vite, on use d’un diminutif). C’est le roi du démarrage, sans lequel rien ne se passe, tout reste figé sur place, toute mécanique grippée, toute bougie impossible à allumer.

Werther qui devait assister à la fête anniversaire d’Esther et lui offrir gâteau et cadeau, s’était rendu chez Madame Kado dans l’espoir de trouver un présent à la hauteur du sentiment qui animait son petit cœur d’enfant d'un siècle dépassé. Il allait du même coup déclarer sa flamme à celle qui l’obsédait jour et nuit. Mais Eole provoquait un temps d’ère de pré-glaciation. La petite Chevrolet majorette de Werther attendait en chevrotant sur le parking de Madame Kado. Au moment de démarrer, il y eut comme un problème d’allumage. La majorette n’en pouvait plus. Werther ne savait pas quoi faire. C’était terrible, il allait rater la fête d’Esther. Il fallait faire appel au démon de la bougie, mais comment le contacter ? Il entendit ronfler à proximité. A côté de la petite Chevrolet se trouvaient un pousse-pousse, un carrosse, une auto tamponneuse et un side-car. Il eut l’idée de demander de l’aide. Il appela, il cria, il hurla. Au bout d’un long moment, un grand blondin sortit sa tête du carrosse et se fit connaître sous le titre de petit prince du Parking.

Birthday happy

Chère petite Léonie,

Little baby,

Guili guili.

Le petit prince du Parking pouvait faire beaucoup de choses mais rien dans l’immédiat pour la Chevrolet. Après un diagnostic circonstancié du micro bolide, il proposa une solution qui parut séduisante au premier abord à Werther : le petit prince du Parking avait une amie écrevisse spécialisée dans l’allumage des bougies. L’allumeuse était non seulement d’un rouge séducteur mais exhibait par tous les temps d’adorables petites pinces crocodile capables de rallumer les carrosseries les plus rouillées. Mais attention ! Elle travaillait, comme d’autres de ses consoeurs, pour un homard retors avec lequel il fallait prendre des pincettes. Le prince, hors de sa juridiction, ne pouvait guère qu’entreprendre des négociations incertaines. Ils prirent la route de la mare du Homard. Le blondin fit ce qu’il put et usa de sa plus belle rhétorique, mais le crustacé, insensible aux fines fleurs du prétoire, joua les fier-à-bras, ne voulut rien savoir et sortit une pétoire. Il s’inclinèrent et quittèrent les lieux en crabe sous la menace d’un mauvais coup. Que faire ?

Birthday happy

Chère petite Léonie,

Little baby,

Guili guili.

Je suis sûr que tu as deviné. Il fallait être plus malin, fomenter une petite révolte et renverser le tyran. Fort bien, mais comment s’y prendre ? Le prince consulta alors un vieux stratège, le général Da Sylvia, une fine lame autant qu’un fin gourmet. Celui-ci leur promis de leur trouver une solution, à une condition. Laquelle ? Qu’on lui réservât le Homard. On promit. Le général leur soumit l’idée suivante : les êtres vivants sont ainsi faits qu’ils sont dociles quand ils ont le ventre plein. Ils coupèrent alors les vivres de la mare aux Homard. Le résultat ne tarda pas à se faire sentir. La cour fut mécontente. Les petites pinces et les seconds couteaux aussi. Le tyran fut renversé. Le petit prince, Werther et le Général en profitèrent. L’écrevisse à eux se rallia et il capturèrent le Homard. Le Général, pas « triste food » pour un sou, dégaina une lame digne des sabres du Japon et fendit en deux le tyran pour le préparer à l’Armoricaine. Un banquet royal fut organisé, pendant que l’écrevisse aux pinces crocodile mettait ses compétences au service de Werther. La Majorette démarra en fanfare et Werther roula comme un fou gueux aux trousses de ses puces. Mais pendant toute cette aventure malheureusement, le temps s’était écoulé.

Birthday happy

Chère petite Léonie,

Little baby,

Guili guili.

Werther ne rejoignit Esther qu’un mois après l’échéance anniversaire. La divine ne fit pas de manière, c’était justement l’anniversaire de ses un an et un mois. Werther, de joie, déboulonna une bougie de sa Chevrolet et la planta sur le gâteau. Et voilà comment Werther travestit, selon les péripéties et l’air du temps, les fêtes les plus sacrées. Personne n’en prit ombrage. Ni les totems, ni les tatas, ni les tontons, ni les poteaux, ni Esther qui dégusta et déballa une histoire extravagante de bougie d’allumage anniversaire.

Birthday happy

Chère petite Léonie,

Little baby,

guili guili.

I.

Tu pourras faire la fine bouche - et je comprendrai - devant la pauvreté de l'illustration de ce conte aux deux bougies. Qui sait si une illustratrice haut-perchée ne pourrait pas arranger ça.


mardi 27 avril 2010

Et donc…


qui serait motivé pour un week end inauguration de la nouvelle chambre de la Joussetière ?

Au choix deux dates vous sont proposées :

Les 29-30 mai

Ou

Les 5-6 juin

Au programme :

ni travaux, ni peinture, ni plâtre, ni lambris mais plutôt ...

barbecue, chaise longue, farniente, badminton (si Marie veut bien nous prêter les raquettes), ballade dans le parc naturel du Perche…

mardi 20 avril 2010

La critique est aisée…


Mon site internet a été légèrement amélioré ( anneduprat.fr ). J’ai notamment suivi les conseils de Brice (merci Brice !) et j’ai utilisé la lampe pour un mini-mode d’emploi. De plus, j’ai rajouté Morgause dans les publications (le livre rouge) et changé 2 illustrations dans la galerie.
Donc pour ceux qui ont le temps de faire un tour sur ce site, vos commentaires et remarques constructives sont les bienvenus ! Merci pour votre aide !

jeudi 15 avril 2010

la carte ?


Bon pour passer à autre chose.
Imaginez un restaurant en bord de Seine juste une terrasse posée là devant l'eau.
Pour boire une bière il faut manger quelque chose.
Un endroit qui à des allures de vacances parisiennes, soleil & farniente on l'espère sont au rendez vous.
Une serveuse aux jolies jambes (indispensables), vous tend la carte.
Votre réaction immédiate est :
1) On se casse, rien ne fait envie
2, j'ai envie de tout, je ne sais pas quoi prendre
3) Une envie précise, de toute façon y que ça qui fait envie
4) tu prends ça et moi ça et on se fait goûter
5) euh ,je sais pas quoi dire
6) C'est simple est séduisant
7) C'est vraiment pas original, moi quand je vais au resto c'est pour manger ce que je ne fais pas à la maison !
etc, etc

lundi 12 avril 2010

message à caractère informatif


Il faut vraiment que j'apprenne à me taire quand j'ai rien à dire. Mais je prends un tel plaisir à être bête que bon !

samedi 3 avril 2010

Los Angeles, 3/04/2010, 12h27


Hagarde, elle sortit de la salle des ventes
Froissant quelques billets, dedans ses mains tremblantes

Accepter qu'il y a une scène passée, sans véritable langage, musicale peut-être -- toute en émotions rentrées. Elle sourd jusqu'au théâtre du présent mais ne le modifie pas; lui donne un air, un parfum, un style -- pas davantage. C'est un lieu distinct, une pièce condamnée; défense d'entrer. Reconnaître qu'elle existe dans sa différence et son isolement, étrangère à nous, n'est pas si évident car c'est de notre passé qu'il s'agit. Ce qu'elle renferme, c'est la part de notre existence que le temps a aboli et qui revient -- car elle revient bien sûr, mais souveraine et indifférente.

A l'occasion des photos du voyage de K2L le long de la côté Ouest, cette scène m'est apparue très vivement. Parce que c'était mon lieu et que soudain, cela ne l'était plus. Par le temps d'abord, j'en étais expulsé : le Los Angeles actuel s'interposait entre moi et la ville que j'avais connue. Je passais chaque jour devant une inscription de UCLA mais je ne pense pas que ce fût cette inscription devant laquelle pose un tigre en peluche. Je veux bien croire qu'il s'agisse de la même pierre, de la même brique mais, quand l'une participait en silence au décor de ma vie californienne, aux événements de ce moment-là, l'autre appartient à un tout autre registre : elle fait sens, elle rappelle, elle est le signe bavard de la première, elle ironise : "Nevermore". Deux pierres donc, dont l'une m'est à la fois évoquée et interdite par l'existence même de l'autre.

La photo n'arrange rien : toujours cet écran que l'image intercale entre la mémoire et le référent. Je m'étais promis, il y a longtemps, de ne jamais prendre de photo de mes voyages -- un serment largement renié -- parce que je supportais mal l'écart qui apparaissait à l'issue de mes vacances entre le souvenir encore vivace et sa fixation sur pellicule. L'écrit abrite davantage de failles, de passages entre les caractères par lesquels on peut rejoindre la matière (le corps, l'émotion). Le diaporama de K2L a donc eu, pour moi, quelque chose d'un nouveau recul de mes trois années californiennes, une manière d'étioler, de signes (photographiques) en signes (matériels), leur réalité. Assister au devenir-signe de son vécu est une expérience qui borde la mélancolie.

Et puis, pour finir, dernier exil : la présence de Lola, de Karim et de Léo aux lieux-mêmes de mon séjour, leur présent supplantant mon passé, le recouvrant d'un voile supplémentaire; d'une mesure encore, leurs sourires l'assoupissent et l'enterrent. Un geste d'évacuation finale.

Mais.

Mais, au bout de ce parcours, mes trois années californiennes font retour. Dans le même mouvement par lequel leur voyage me dit l'étrangeté de mon propre passé, il trouve la voix unique pour le rappeler. Ce n'est pas une affaire de mots : nulle formule ne ramène à la vie une pierre deux fois, trois fois ensevelie. C'est une intonation, un air, un parfum, un style. Le langage se manque pour en témoigner justement.

De ce Los Angeles-là, rien ne se communique sinon par sympathie. Il n'y a aucun récit à raconter mais un effet sensible à transmettre. On ne le partage que par amitié et à condition de l'aimer. Cela se passe en marge du langage, par affinités : affinité de la ville à soi; affinité d'eux à moi. Aimer une même chose n'est pas une affaire d'impressions échangées mais, d'abord, une question de confiance : il faut croire en des raisons inexprimables, s'engager autour d'un regard. Karim et Lola auraient été déçus par Los Angeles, je n'avais rien à en dire. Ils l'aiment au contraire : je peux rêver que ce qui les y attache tient de la même scène obscure qui chuchote en moi et m'y accroche. Ma ville silencieuse revient par leur entremise.

Ce qu'ils ramènent en dépit d'eux-mêmes, ce sont des sensations assourdies, des égarements profonds, des mémoires brisées. Quelques mots peuvent les désigner, sans espérer pour autant les atteindre : le parfum d'essence et de végétation le soir, le vent entre les tours sur Wilshire Blvd, des doigts qui se cherchent une nuit sur la plage à Venice, "N'aie pas peur", mon émerveillement en découvrant les longues perspectives les premiers jours, les relents sucrés de la bière dans les pubs, la présence familière des collines de Beverly et de Bel Air, toujours. Toute une scène étrangère qui remonte le long des voies de l'amitié.

Le passé est une force d'expulsion : on n'arrête pas d'en être refoulé. Barbara (plutôt qu’Heidegger) : dans « Drouot », l’aspiration quasi-blanche au début du vers « Hagarde, elle sortit de la salle des ventes » m’étourdit à chaque écoute, car j’y entends comme le souffle du bannissement, le mouvement expéditif par lequel expirent les moments abolis et nous essoufflent la disparition de nos souvenirs. A la condition d’un voyage amical pourtant, ils peuvent être ranimés. Par une étreinte silencieuse, ils font amicalement retour.